[RP] Arrivée d'un représentant de la Nonciature Apsotolique

Le cardinal de Nagan faisait route depuis Reims depuis deux jours. Arrivé cette après-midi à Bourges, capitale du Berry, il se rendit au château de l’administration principale du duché. Depuis un certain temps il n’avait plus de nouvelles de l’archevêque qui faisait office de représentant de la Nonciature Apostolique. Or, un concordat était en négociation. Le Berry allait peut-être faire un grand pas. Le Duc actuel était déjà étoile d’argent de l’ordre d’Aristote, gage d’un certaine aristotélisme, pourquoi ne pas aller plus avant ?

La calèche s’arrêta devant l’entrée principale. Un laquais vint ouvrir la portière, bascula le marchepied et tendit la main pour aider l’archevêque à descendre de voiture. Ce dernier, tout vêtu de pourpre, se fit annoncer, bien que sa tenue en dise long sur sa fonction. Montant les marches qui le séparait du vestibule principal, le cardinal secoua sa longue cape qui le suivait sur trois pas et attendit que l’on vienne à lui. On l'annonça...

Le Cardinal Aaron de Nagan, chancelier de la Nonciature Apostolique !

Son éminence aimerait rencontrer le chef de la diplomatie berrichonne…

Dit un suivant du cardinal !

Avertit par un huissier que le Cardinal Camerlingue était de passage en Berry et demandait à le rencontrer, le jeune Duc se porta à sa rencontre d’un pas rapide, il aurait été inconvenant de faire attendre celui qui avait la lourde tâche de diriger la Saint Eglise Aristotélicienne.

Arrivé à l’entrée principale, le Duc s’inclina et embrassa l’anneau du Cardinal-Archevêque de Reims :

Soyez le bienvenue en Berry éminence, cher ami, j'espère que le voyage ne fut pas trop désagréable ?

Le jeune chancelier ne souhaitant pas indisposer le cardinal par un trop grand nombre de questions, ne lui demanda pas encore la raison de sa venue, espérant que ce n'était pas pour une mauvaise nouvelle, tout de même.

Le duc de Duc de Dun-le-Roy fit son apparition dans le hall d’entrée du château. Baisant révérencieusement l’anneau épiscopal, le cardinal l’aida à se relever en signe d’amitié.

Votre Grâce, quel plaisir de vous voir en chaire et en os… Je vous remercie pour votre accueil ! Le voyage c’est bien passé. J’en ai profité pour admirer la région dans laquelle je n’ai pas souvent mis les pieds… Fort belle région d’ailleurs, patrie du grand Saint Arnvald !

Sourit…

A ce propos, c’est pour une question religieuse que je suis présent ici ! Les négociations de révision du concordat de Berry me tiennent très à cœurs, et voyant que du côté de l’Eglise cela n’avançait point fort vite, et que je me retrouvais sans nouvelles, j’ai décidé de venir moi-même assister aux négociations. Mieux, les prendre promptement et complètement en mains. Comme c’est la Nonciature Apostolique qui est seule habilitée à négocier les concordats, quoi de mieux que le chancelier lui-même pour diriger la manœuvre ?

Bien qu'encore faible et point complètement remis, l'archevêque de Bourges vint accueillir le cardinal Aaron...

Voilà plusieurs minutes que le prélat berruyer attendait dans la pièce, jovial et enjoué, un verre à la main et ne manquant pas d'entamer une discussion avec un quelconque notable et de rire de bon coeur avec lui.

Toutefois, tandis l'impérial empourpré faisait sa théâtrale arrivée, le visage de l'archevêque devint sombre. Un rictus s'y dessina et ses rides se creusèrent ; les ombres ne manquèrent pas de remplir ces plis nombreux, donnant un air lugubre au chef de l'Église berrichonne. D'un signe vif, voire violent, il commanda à son homme de confiance, le chanoine Sully, fils d'un riche marchand et lui-même responsable du trésor de la patriarcale cathédrale, de rameuter toute la troupe.

En un éclair, le chapitre s'était rassemblé autour de son maître. C'est alors que Monseigneur de Bouviers s'avança vers le cardinal, flanqué de ses nombreux chanoines - sbires, d'un pas si droit et rigoureux qu'il en était presque militaire. Son regard, froid, était fixé sur le sourire presque faux du camerlingue.

Sèchement, il s'arrêta, et droit, vêtu avec autant de faste que le chef de l'Église - un grand mantel d'émeraude d'un tissu fin et précieux, et sur son torse une croix pectorale d'or et d'argent, pendue à son cou par une chaine en or - la tête levée, hautain, il dit :

Éminence, je crains que vous vous soyez égaré ; vous n'êtes ici ni à Ivry, ni à Reims, ni à Rome.

Dans un bruit sourd de pas frappant le pavé telle horde de sangliers courant en foret, de cliquetis de croix et de chaînettes en métal et de froissement d’étoffes épaisses, le clergé berrichon mené par monseigneur de Bouviers fit son entrée dans le hall du château, interpellant vivement le camerlingue sur un ton impérieux, hautain… D’un regard noir et vif, l’archevêque de Reims tourna la tête alors que son confrère de Bourges l’interrompait dans sa conversation !

Hé bien monseigneur ! Quel accueil… Cela frise l’insolence… Ma présence vous gainerait-elle ou le sol berrichon me serait-il interdit ? Veuillez retourner à vos activités voulez-vous que je termine ma conversation avec le duc. Aux dernières nouvelles vous n’y étiez pas convié ! Si j’en ai le temps, je vous accorderais quelques minutes…

Se retournant vers le chef de la diplomatie berrichonne, ignorant, agacé, l’archevêque de Bourges qui tentait de l’impressionner…

Que disais-je donc ? Ah oui… Qu’en dîtes vous votre grâce ?

L’Archevêque de Bourges arriva comme s’il avait été rapidement prévenu de l’arrivée du cardinal Archevêque de Reims, diantre que les nouvelles circulaient vite à Bourges se dit le Duc en sentant une certaine tension entre les deux archevêques qu’il ne releva pas, de peur de se prendre un coup de crosse, saluant simplement l’archevêque de Bourges d’une inclinaison de la tête, il répondit au camerlingue :

Ma foi éminence, c’est un honneur de vous accueillir au Château de Bourges…cependant, le concordat est actuellement discuté au conseil religieux et il revient à mon Suzerain- et non à moi- de vous accorder le droit d’y assister ou de le négocier en d’autres lieux avec vous.

Le Duc s’approcha d’un huissier et lui demanda d’aller quérir le Duc de Berry.

Sa Grasce va certainement bientôt apparaître éminence, il décidera.

Des chuchotements de plus en plus nombreux se firent entendre. Notables, paysans, nobles et fonctionnaires, de même que les écclésiastiques, spéculaient et échangeaient sur le froid entre le cardinal et l'archevêque.

Quant à Monseigneur de Bouviers, refusant de céder aux injures du rouge-gorge criard, il ne bougea d'un poil et se contenta de rendre au duc sa marque de respect et de bâiller bruyamment, avec une gestuelle exagérée et grotesque suintant l'indifférence.

Lui aussi attendrait le duc George... se promettant, sans grande conviction, de se plier à sa décision, pour le meilleur ou pour le pire...

Faisant fi des exubérassions de l’archevêque, le cardinal écouta le duc de Dun-le-Roi. Puis il dit :

Fort bien, fort bien… Je sais que le concordat était en cour de révision, mais ne voyant plus rien venir, je me suis déplacé. Après tout, une petite visite pour apporter conseil et aide ne me semblait pas superflue. Surtout que je le fais régulièrement. Encore dernièrement en Flandre d'ailleurs. Attendons donc le duc de Berry…

Dit-il en souriant. Puis se retournant vers monseigneur de Bouvier…

Monseigneur ! Que me vaut cette hostilité ?

[Je préviens déjà, je serais absent dès demain jusqu'à lundi...] Wink

Un garde était venu lui signaler l'arrivée d'un éminent représentant romain. George se dirige alors vers l'entrée du chateau quand il aperçoit le cardinal, l'archévêque et le chancelier en grande discussion. S'adressant au cardinal

Eminence, soyez le bienvenu en notre pays ! que nous vaut le plaisir de votre visite ?

se tournant vers le chancelier

Thomas, tu laisses nos invités sur le pas de la porte, n'avons nous pas de lieux plus accueillant pour les recevoir ? dit il en souriant

Puis à Zabouvski

Monseigneur, j'ose espérer que vous vous rétablissez bien et que vous aurez bientôt loisir de répondre à mon document de travailau conseil religieux berrichon...

Au duc, ignorant le cardinal, avec une lenteur extrême...

Évidemment, Votre Grâce, nous n'y manquerons point.